Bien qu’il semble logique de faire appel au comité officiel d’un artiste avant d’en céder ou d’en acquérir une œuvre, quelques personnes pensent en toute bonne foi pouvoir faire appel à d’autres organismes dont les appellations leur paraissent offrir toute garantie, ou à des experts se prévalant de toute autorité sur l’œuvre de Georges Mathieu, et d’une prise de contact très facile. Malheureusement, cette décision peut entraîner des conséquences pernicieuses, dont nous vous proposons quelques illustrations ci-dessous.
1) Avoir un interlocuteur unique
Dans le cas de Georges Mathieu, par définition et par force de droit, le comité officiel est la seule entité ayant autorité pour exercer son expertise et faire usage du droit moral, ainsi que la seule à disposer des archives personnelles de l’artiste. Nous rappelons que le Comité Georges Mathieu est toujours joignable à l’adresse suivante : https://georges-mathieu.fr/contact/
Le Comité Georges Mathieu appelle les collectionneurs à une extrême prudence vis-à-vis des entreprises privées qui parasitent et prétendent remplacer les comités et les organismes publics, et qui n’offrent aucune garantie.
Un exemple dans le domaine de l’authentification est Art Experts, Inc, un site en ligne qui prétend pouvoir fournir des « certificats » d’authenticité, tous pays et artistes confondus, se substituant illégalement, dans le cas des artistes en disposant, aux comités ou aux héritiers qui seuls disposent des droits moraux. C’est typiquement le cas des œuvres de Georges Mathieu, pour lesquelles seul le Comité Georges Mathieu peut délivrer des certificats faisant foi. De même, lui seul peut préparer et publier le catalogue raisonné.
Certaines œuvres de Georges Mathieu sont parfois présentées accompagnées de certificats ou d’attestations en provenance de galeristes, de commissaires-priseurs et de documentalistes. Ces documents n’ont aucune valeur officielle et doivent être remplacés, car seuls font foi les certificats du Comité ou ceux de la main de Georges Mathieu s’ils sont authentiques. De faux certificats de Georges Mathieu ayant circulé, le Comité est à même d’authentifier les certificats originaux et de fournir une attestation équivalente d’un certificat.
Les maisons de vente et galeries persistant à présenter des certificats sans valeur s’exposent à se voir reprocher un manquement à leur devoir d’information voire un dol, car il y a tromperie sur la nature certifiée de l’œuvre. Ils ne peuvent ignorer notre existence quand n’importe quel moteur de recherche permet de nous trouver.
2) Éviter d’acheter (ou de vendre) un faux
Des statistiques qui invitent à la vigilance
Le Comité Georges Mathieu, qui travaille à la fois à authentifier les œuvres qui lui sont soumises et à surveiller celles qui transitent sur le marché, s’est récemment ému du nombre de faux en circulation.
En matière d’authentification, en moyenne sur les 12 derniers mois, 30% des demandeurs de certificats nous ont présenté des faux, avec 20% de faux sur le nombre total d’œuvres candidates, et 40% si l’on se limite à celles en provenance d’Italie (certains étant en provenance d’un même atelier de faussaire).
En parallèle, de nombreux faux et contrefaçons ont été détectés dans le cadre de notre surveillance des ventes publiques aux enchères et des ventes en ligne, notamment sur eBay où nous devons annuler des ventes tous les mois.
Ces statistiques élevées signifient que des acheteurs potentiels peuvent facilement se voir proposer des faux, aussi bien en vente privée qu’en vente publique, et qu’il convient d’être vigilant. Toutefois, elles signifient également que le Comité lutte avec fermeté contre les faussaires et les contrefacteurs, afin d’assainir le marché et de soutenir la cote de Georges Mathieu.
La problématique des faux est consubstantielle au succès des artistes, mais il est possible d’y répondre. Notre efficacité dans ce domaine sera d’autant plus grande que les acheteurs potentiels réclameront systématiquement un certificat du Comité aux vendeurs (particuliers, galeries, salles de vente).
Sur une note positive, nous pouvons espérer que ces statistiques sont mécaniquement plus élevées que la réalité du marché, car on peut penser que les faussaires sont pressés de nous demander un certificat afin de tenter de valoriser et de revendre leur faux au plus vite.
Quelques cas d’école
Il nous arrive parfois d’être consulté par un acheteur à l’issue d’une vente. Or, dans le cas où l’œuvre s’avère être un faux, une cascade de conséquences se déclenche : l’acheteur doit demander l’annulation de la vente à la maison de vente ou à la galerie, qui elle-même doit se retourner vers le vendeur pour dénoncer le contrat de vente, et le Comité doit demander aux bases de données Artprice et artnet le retrait des images et informations trompeuses. Il vaut donc mieux demander l’avis du Comité le plus en amont possible.
Dans un cas rare mais véridique, le Comité a été questionné par un acheteur potentiel et a détecté un faux dans une vente en ligne, mais la maison de vente basée à l’étranger n’a pas daigné répondre à notre courrier en se justifiant par l’indisponibilité de ses équipes. En pratique, elle a laissé la vente se conclure, le meilleur enchérisseur se retrouvant donc sans le savoir avec un faux sans valeur.
Lors d’une visite à une galerie parisienne, nous avons découvert parmi une dizaine d’œuvres authentiques de Georges Mathieu un faux manifeste sur papier, qui semblait de plus appartenir à une série de faux en circulation à Paris. Depuis lors, cette galerie n’a pas repris contact avec nous. Nous n’avons donc ni reçu d’information sur la provenance du faux, ni obtenu l’assurance de son retrait du marché.
Tous les désagréments décrits précédemment pourraient pourtant être évités si la salle de vente, la galerie ou le vendeur selon les cas, demandait à obtenir un certificat d’authenticité en prévoyant un délai raisonnable. En tant qu’acheteur potentiel, vous pouvez également exiger le certificat officiel auprès du vendeur.
Notre plan d’action
En premier lieu, la publication de cet article devrait permettre de sensibiliser collectionneurs et acteurs du marché de l’art à la nécessité de faire appel au Comité.
Bien que le Comité soit déjà connu des acteurs majeurs du marché français (ici l’exemple de Sotheby’s), nous allons bientôt faire paraître une nouvelle série d’annonces afin d’étendre notre visibilité, après notre parution au début de cette année dans les éditions française et internationale de la Gazette Drouot, et continuerons à prendre contact avec le plus grand nombre d’acteurs du marché.
Afin que les faux détectés soient définitivement écartés du marché et que les filières frauduleuses soient identifiées puis démantelées, nous allons fournir toutes les informations à notre disposition aux autorités concernées, en travaillant de concert avec l’OCBC (Office central de lutte contre le trafic des biens culturels) et donc indirectement avec INTERPOL ainsi que les autorités locales spécialisées (Nucleo Carabinieri Tutela Patrimonio Culturale pour l’Italie).
3) Valoriser une œuvre mise en vente
L’authentification et la bonne description d’une œuvre mise en vente sont les meilleurs moyens de la valoriser. Le meilleur moyen de s’en convaincre est de considérer le cas opposé qui suit.
En septembre 2015, une maison de vente danoise a exposé à Drouot et mis en vente une œuvre peinte par Georges Mathieu en 1957. Interrogés par un acheteur potentiel concernant son authenticité, nous nous sommes rendus sur place pour un examen physique. Cette toile était bien authentique — elle figure par ailleurs dans nos archives — mais notre surprise est venue d’ailleurs.
Première découverte, l’œuvre était présentée sans titre : « Composition ». Or, cette œuvre dispose d’un titre, confirmé à la fois par nos archives et les inscriptions crayonnées au dos sur le châssis. Il s’agit de « Clisson nommé Connétable », en référence à Olivier V de Clisson, nommé Connétable de France par Charles VI, qui fut l’un des plus grands capitaines de la Guerre de Cent Ans, grand féodal fortuné contemporain de Du Guesclin. Ce n’est pas un hasard si cette toile fut réalisée la même année que « L’assassinat du Connétable Clisson » (galerie René Drouin). Cette omission du titre, reprise par le Quotidien de l’Art, constitue un grave manquement au droit au respect de l’œuvre qui font partie des droits moraux de l’artiste et de ses ayants droit. Elle dévalue l’œuvre en lui retirant un élément distinctif qui fait partie intégrante du travail de Georges Mathieu.
Seconde découverte, la maison de vente avait déjà mis en vente cette œuvre en décembre 2014, en la plaçant en couverture du catalogue de vente… à l’envers. L’erreur était répétée à l’intérieur du catalogue, malgré la présence évidente à l’œil nu d’une signature en bas à droite de la toile. Il s’agit à nouveau d’un grave manquement au droit au respect de l’œuvre, et si l’erreur fut rectifiée en septembre 2015, l’ancien catalogue reste accessible en ligne et continue de diffuser une image erronée de cette œuvre.
Ces erreurs peuvent-elles être dues à l’inattention plutôt qu’à un manque de professionnalisme, quand elles auraient simplement pu être évitées ? Le Comité aurait pu recevoir a minima, à défaut d’une demande de certificat, une demande d’autorisation de reproduction pour la couverture du catalogue. Le fait d’être informé aurait permis au Comité de corriger les erreurs d’image et de texte, de s’assurer du respect de l’œuvre et d’apporter des informations sur son historique.
4) Se faire aider dans la recherche d’une œuvre volée (ou éviter d’en acheter une)
En cas de disparition ou de vol d’une œuvre de Georges Mathieu, nous vous invitons en priorité à déposer plainte auprès des autorités locales, puis de nous contacter afin d’obtenir notre assistance à titre gracieux. Nous suivons les ventes publiques et recevons des demandes de certificats, il est donc toujours possible que nous puissions identifier la revente d’un tableau qui aurait été déclaré volé.
Très active dans le domaine des déclarations d’œuvres disparues ou volées, The Art Loss Register est une entreprise privée malgré son nom générique à l’apparence officielle. Son activité consiste à délivrer aux acheteurs ou vendeurs qui le demandent, moyennant finances, des « certificats » garantissant qu’une œuvre n’est pas volée. Cette entreprise revend donc une information censée être déclarée et gratuitement disponible auprès des services officiels comme l’OCBC en France et INTERPOL à l’international. Ce système vise, à mesure que les maisons de vente font appel à eux et que les collectionneurs leur déclarent les vols, à remplacer les organismes officiels par une version lucrative qui deviendrait à terme incontournable.
En réalité, The Art Loss Register se contente de dire qu’une œuvre n’a pas déjà été déclarée volée dans leur base de données, à l’initiative de la victime. Un scandale a récemment éclaté (en anglais : article 1 et article 2). The Art Loss Register avait délivré des certificats à des vendeurs d’œuvres volées, en les croyant sur parole quant à leur provenance. Le mot « certificat » est donc trompeur : l’information fournie est partielle car produite sur une base déclarative, et elle ne se prononce aucunement sur l’authenticité de l’œuvre. Leur direction a récemment rejeté pour des raisons « d’infrastructure » notre demande d’ajouter simplement nos coordonnées au bas de page de leurs « certificats » concernant des œuvres de Georges Mathieu.
Il vous appartient de faire appel à eux ou non, mais nous pouvons vous donner l’exemple suivant. Le Comité a été récemment avisé de la disparition il y a plusieurs années d’une œuvre de Georges Mathieu au sein d’un établissement public, disparition que l’établissement n’a pas déclaré à la police pour des raisons encore inconnues. Si une personne, à qui l’on aurait proposé l’achat de cette œuvre disparue, avait contacté The Art Loss Register, ces derniers auraient certifié l’œuvre non volée (puisqu’elle ne figure pas dans leur base ni dans celle d’INTERPOL) et permis sa revente et sa sortie du territoire.