On nous demande souvent où voir des œuvres de Georges Mathieu. L’exposition « L’abstraction de 1920 à nos jours » proposée par la Galerie Hélène Bailly (25 quai Voltaire, Paris VIIe) du 15 octobre au 19 décembre 2015 en présente une dizaine, dont la magnifique Entéléchie carolingienne V (1956).
Philippe Bourgoin écrit dans le catalogue de l’exposition :
Imposant un art nouveau du signe en opposition à l’abstraction géométrique de Mondrian, et en référence à la peinture de Kandinsky, Mathieu maître de l’abstraction lyrique, privilégie le geste, le mouvement et l’émotion. Aucun peintre n’a poussé plus loin la quête de l’improvisation, le goût de la spontanéité et la violence de la touche. Combat de tous les jours, ses œuvres sont l’expression d’une passion où l’écriture agile et nerveuse, le sens de la matière, la force de la couleur et de la composition dominent. Chacun de ses actes créateurs était un cérémonial qu’il mettait parfois en scène, précurseur du happening en peignant devant des centaines de spectateurs. Utilisant directement des tubes de couleur sans esquisse préalable, il peignait librement ses toiles juxtaposant des signes sans signification littérale. Dès 1950, sorte de provocation, il commence à associer à ses peintures des titres inspirés de l’histoire de France, avec pour seul but de désigner les œuvres. Entéléchie carolingienne V (« état de perfection ») s’inscrit dans un ensemble de cinq toiles dont les deux premières furent exposées à Paris, en mai 1956, à la galerie Rive Droite.