Première exposition solo de Mathieu à Hong Kong

Expositions

Les galeries Perrotin et Nahmad Contemporary proposent, du 21 novembre au 21 décembre 2019, la première exposition solo à Hong Kong de Georges Mathieu, le fondateur de l’Abstraction lyrique, ce mouvement pictural d’après-guerre également appelé art informel, tachisme, ou expressionnisme abstrait pour son pendant américain.

Mathieu n’en est pas pour autant inconnu en Asie, son voyage de 1957 au Japon où, en précurseur visionnaire il réalisa des performances inédites pour l’époque devant un public nombreux, étant resté dans les annales de l’histoire de l’art. Quelques mois même avant ce voyage, le manifeste du mouvement Gutaï, dont Kazuo Shiraga est le représentant le plus reconnu de nos jours, indiquait que ces membres avaient « le plus grand respect pour Pollock et Mathieu car leurs œuvres révèlent le hurlement poussé par la matière, les cris des pigments et des vernis ». L’évocation de ce duumvirat nous informe sur la prééminence de Mathieu dans les années 1950 non seulement en termes de notoriété internationale mais également de pertinence artistique et historique.

L’exposition propose d’explorer un pan très spécifique de l’œuvre riche et diverse du Maître : les années 80, ou plus précisément la période s’étalant entre 1983 et 1991. Cette période, très reconnue en France et en Italie, trouve actuellement un écho particulier en Asie. Après avoir procédé dans les années 60 et 70 de nombreuses expérimentations autour de variations géométriques ainsi que dans le domaine des arts appliqués, les années 80 marquent un tournant, que certains appellent cosmique — une forme de « guerre des étoiles » picturale — quand d’autres font référence à une « période barbare ». Mathieu y renoue avec le lyrisme anti-géométrique des années 1950 sous une forme totalement nouvelle. On y voit des gestes véhéments, des lignes éclatées, des explosions de peinture et des coulures, des couleurs très contrastées, certains arrières-plans donnant une impression saisissante de profondeur parfois caverneuse.

Cette période offre également un retour à la calligraphie, un des marqueurs de l’œuvre de Mathieu, qui avait théorisé le premier, dès les années 1940, le principe selon lequel le signe pouvait précéder le sens, permettant à André Malraux, célèbre écrivain et futur ministre de la culture du Général de Gaulle, de s’exclamer en 1950 : « Enfin un calligraphe occidental ! »

Mathieu établira très tôt un parallèle entre son travail et la calligraphie chinoise, notamment du fait de leur caractéristique commune de spontanéité. Il tirera un essai intitulé « Rapports de certains aspects de la peinture non-figurative lyrique et de la calligraphie chinoise » d’un dialogue avec le Dr Chou Ling, délégué permanent de la Chine près de l’UNESCO, et avec le maître calligraphe Zhang Daqian, organisé par le Centre International d’Etudes Esthétiques, le 11 juin 1956.

Finalement, c’est parce que les œuvres de Mathieu sont porteuses d’un langage, fût-il inédit, qu’elles s’adressent à nous et nous permettent d’établir un dialogue avec elles.

Le site Cobo Social a publié un article détaillé sur l’exposition (en anglais).